CONFÉRENCE AFRIQUE-EUROPE SUR LA MIGRATION DE BENGHAZI

Plusieurs représentants des États et organisations, dont LemAfriQ, ont participé à la Conférence Afroeuropeénne sur la Migration tenue dans la ville libyenne de Benghazi du 25 au 27 mai 2024. Cette rencontre s’est tenue sous le haut patronage du gouvernement libyen présidé par Dr. Osama Hamad, en coordination avec la Chambre des représentants libyenne, et en coopération avec les forces militaires arabes libyennes ; et en organisation conjointe entre le Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et le Ministère d'État chargé des Affaires de la Migration.

Cette conférence importante a vu la participation massive de personnalités africaines, européennes et libyennes, notamment Son Excellence le Président du Parlement panafricain Fortune Charumbira, Son Excellence le Premier ministre du gouvernement libyen Dr. Osama Hamad, ainsi que les députés, les responsables gouvernementaux, les experts et les représentants des organisations de la société civile et du secteur privé de (100) pays africains et européens, en plus des Africains résidant à l’étranger. LemAfriQ était représenté par le Dr. El Hassane Jeffali, représentant résidant au Maroc.

Après des discussions approfondies au cours desquelles les participants ont pris en compte les différents pactes mondiaux relatifs aux droits de l’homme en général et à la migration en particulier, notamment la Déclaration universelle des droits de l’homme et les protocoles connexes; la déclaration suivante a été faite :

En nous basant sur l’Acte constitutif de l’Union africaine et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières adopté à Marrakech, au Maroc, en 2018, l’Agenda africain pour la migration, la Déclaration du Sommet Afrique-Europe tenu à La Valette, à Malte, en 2015, ainsi que la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, l’Agenda 2030 pour le développement durable, l’Agenda 2063 de l’Union africaine, et la Déclaration de Benghazi issue de la Conférence africaine sur la migration tenue à Benghazi les 29 et 30 janvier 2024;

Et en valorisant les efforts du gouvernement libyen, du parlement libyen, de la direction générale des forces armées libyennes et de toutes les agences de sécurité pour la protection et l’hébergement des migrants par la création de centres d’accueil conformes aux normes humanitaires et aux pactes internationaux.

Nous réaffirmons l’importance de l’approche globale de la question de la migration irrégulière basée sur l’étude des causes réelles de la migration, qui repose sur la trilogie (développement global, emploi et stabilité) et non sur les solutions traditionnelles basées sur des approches sécuritaires dont l’inefficacité a été démontrée. Seule une approche globale de la solution peut convaincre de nombreux citoyens des pays africains de rester dans leurs pays d’origine et de nombreux autres de retourner dans leurs pays d’origine.

Cela exige de nous tous, en tant que pays d’origine, de transit et de destination, de renforcer et de consolider notre partenariat stratégique à tous les niveaux politique, économique et sécuritaire, et d’unir nos positions pour résoudre la question de la migration irrégulière selon des plans et des stratégies objectives, sincères, ambitieuses et à long terme, et d’éviter l’approche basée sur des visions géopolitiques concurrentielles et des initiatives parallèles et des aides conditionnelles ; car la résolution de cette question dépasse la capacité unilatérale des États et nécessite une unification et une mise en commun des capacités.

Cela impose la nécessité et l’importance de conjuguer les efforts au niveau des deux continents africain et européen sur la base d’un partenariat de voisinage, de valeurs, d’intérêts et de respect mutuel, et d’abandonner la procrastination et la tergiversation qui ne feront qu’aggraver la crise et élargir la portée et l’ampleur des dommages pour tous, en particulier dans ces circonstances exceptionnelles, et de lancer plusieurs voies participatives pour résoudre la question de la migration irrégulière.

1/Voie du développement global et durable:

Nous annonçons par cette voie le lancement du (Fonds de Développement de l’Afrique) qui sera géré conjointement par des représentants de nos deux continents et financé par les contributions financières des partenaires européens et africains, et de tout autre donateur selon des évaluations scientifiques complètes émises par des comités techniques spécialisés des deux parties, pour servir les secteurs vitaux qui encourageront les migrants à rester dans leurs pays d’origine.

Développement dans le secteur de l’éducation: Nous œuvrerons par une bonne planification stratégique à fournir l’infrastructure nécessaire pour améliorer l’efficacité du secteur éducatif, en particulier technique et professionnel, en mettant l’accent sur l’amélioration des compétences des enseignants et en offrant des bourses d’études et des échanges au bénéfice des étudiants africains et européens.

Développement dans le secteur de la santé: Nous nous efforcerons de fournir et de qualifier les institutions de santé nécessaires et de les équiper avec des équipements médicaux modernes, ainsi que des médicaments pour toutes les maladies et épidémies.

Développement dans le secteur de l’infrastructure: Le (Fonds de Développement de l’Afrique) œuvrera par une bonne planification à améliorer l’efficacité des infrastructures des villes et des villages africains par la création et la réhabilitation des réseaux routiers, d’assainissement, d’électricité, d’eau et d’Internet.

Développement dans le secteur agricole: Cela se fera en soutenant les projets agricoles avec les équipements et outils nécessaires pour assurer l’autosuffisance du continent africain en chaînes d’approvisionnement alimentaire.

Nous cherchons également à lutter contre la désertification et la sécheresse qui menacent le continent africain dans le cadre des changements climatiques et de l’augmentation des taux de pauvreté en Afrique, ce qui accroît les flux de migration irrégulière vers le nord en direction de l’Europe.

Soutenir les unités de gouvernance locale et renforcer leurs capacités à fournir divers services administratifs locaux.

Alléger ou annuler les dettes des pays africains qui pèsent sur leurs capacités de développement et les aider à alléger les contraintes strictes imposées par les institutions financières mondiales pour bénéficier de leurs services liés au dossier du développement dans les pays africains.

2/ Trajectoire économique et investissements

À travers cette voie, nous déclarons un ensemble de mesures et d’actions :

Investissement dans le secteur de l’énergie (traditionnelle et verte), garantissant ainsi l’augmentation et la stabilité de l’approvisionnement en énergie pour les villes et les villages africains, jouant un rôle crucial dans la réussite de toutes les autres voies, en plus de ses rendements bénéfiques.

Le Fonds de développement africain, à travers cette voie énergétique, travaillera à renforcer les compétences techniques africaines dans ce secteur.

Investissement dans le secteur des transports et des communications : cette voie comprend tous les aspects des investissements liés aux réseaux de transport et de communication, ainsi qu’aux ports et aux aéroports.

Investissement dans l’infrastructure numérique pour contribuer à combler la fracture numérique géographique et à gagner la confiance numérique.

Investissement dans le secteur bancaire en augmentant l’efficacité de ce secteur, ainsi que la formation et la qualification du personnel travaillant dans celui-ci.

Autonomisation économique des femmes migrantes et les accompagner pour concilier entre la vie professionnelle et vie privée et protéger la famille.

Augmentation des opportunités d’emploi pour les citoyens et les jeunes africains en :

Injectant davantage d’investissements européens dans les économies africaines, dans divers secteurs, conformément à de bonnes pratiques de gouvernance et à la lutte contre la corruption.

Investissant dans les institutions financières continentales africaines pour accélérer l’intégration et le développement économique et social entre les deux continents.

Investissant dans les zones de libre-échange que les pays africains envisagent de créer pour servir de moteur à leurs économies.

Investissant dans les secteurs manufacturier et minier et en convenant d’un nouveau mécanisme pour réviser les contrats d’investissement dans les ressources africaines en général.

3/ Trajectoire politique

Cette voie comprend :

La réforme du système juridique de l’immigration dans les pays européens d’accueil afin de réaliser un équilibre permettant à la fois l’immigration et la mobilité, tout en préservant la sécurité des pays d’accueil et de transit.

Le respect des droits des États africains à déterminer leur destin par le biais de légitimités élues et des institutions qui en découlent, et à ne pas intervenir dans leurs affaires intérieures.

Éloigner les systèmes d’immigration et les migrants du cercle de l’emploi et de l’investissement politique interne dans les pays d’accueil et de faire face aux discours de haine et à l’extrémisme.

4/ Trajectoire sécurité et stabilité

Cette voie vise à renforcer la sécurité et la stabilité des pays africains, à augmenter leurs capacités militaires et sécuritaires pour lutter contre le terrorisme, les réseaux de trafic d’êtres humains, d’armes, de drogues et de corruption, à faire respecter la loi et à prévenir les conflits et les guerres civiles, ces phénomènes sécuritaires étant parmi les principales causes de l’immigration irrégulière.

Pour atteindre les objectifs de cette voie, les partenaires européens fourniront une assistance aux pays africains sous forme d’un ensemble de mesures et de dispositions, comprenant :

1- L’assistance pour renforcer les capacités des institutions militaires et sécuritaires en leur fournissant les moyens logistiques nécessaires pour les rendre capables d’appliquer la loi, de lutter contre les organisations terroristes et les gangs criminels organisés, y compris les réseaux de trafic d’êtres humains, d’armes et de drogues et corruption, et de sécuriser les frontières.

2- Amélioration de l’efficacité et des capacités des membres des institutions militaires et sécuritaires en établissant un mécanisme de coopération en matière d’échange d’informations et de données pour faire face aux réseaux de trafic d’êtres humains et lutter contre l’exploitation cybernétique et électronique qui sapent les efforts de coopération euro-africaine dans ce domaine.

3- Fourniture de programmes de sensibilisation et d’éducation sur divers sujets liés aux institutions militaires et sécuritaires, ainsi que sur la sensibilisation aux droits de l’homme.

En conclusion, les participants ont souligné l’importance de la création de l’agence euro-africaine pour l’emploi en tant que cadre de coopération et d’attraction de la main-d’œuvre, dont le siège se trouve à Bruxelles. Ils ont aussi annoncé l’accord sur la création de l’Observatoire afro-européen de l’immigration, dont le siège est à Benghazi, chargé d’accompagner les organisations de la société civile en Afrique et en Europe dans les domaines de la coopération et des programmes liés à l’immigration.

Partagez cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.