Avec la majorité écrasante au Parlement obtenue par le parti au pouvoir au Sénégal, les Sénégalais attendent à présent que le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko s’en servent pour appliquer l’agenda de rupture et de justice sociale grâce auquel ils sont arrivés au pouvoir il y a neuf mois.
Par Mariama Badji
Présidente d’Africa Feliz Sénégal
Au Sénégal, depuis l’avènement du nouveau régime issu de l’élection présidentielle de mars 2024, tout porte à croire que des mutations importantes sont en train de se produire, confirmées par les résultats du scrutin législatif du 17 novembre qui offrent une forte majorité parlementaire au nouvel exécutif.
En effet, la soif de changement était devenue une exigence incontournable, dans un contexte où la population fait face à de multiples difficultés qui ont pour noms : pauvreté et cherté de la vie aussi bien en zone rurale qu’en milieu urbain ; insécurité alimentaire ; chômage des forces vives ; vulnérabilité croissante des femmes, des jeunes, des personnes handicapées, des enfants ; faibles performances du système d’éducation et de formation ; forte insuffisance dans l’accès aux soins de santé… pour une population de près de 19 millions d’habitants dont plus la moitié est constituée de jeunes âgés de moins de 19 ans.
Sur le plan général, le pays qui est à dominante agricole éprouve encore beaucoup de mal pour faire décoller son secteur primaire, avec des terres appauvries, un manque de maitrise de l’eau, des intrants difficiles d’accès pour les petits producteurs qui sont victimes d’expropriation foncière par un agrobusiness soutenu en haut lieu.
Pour sa part, le secteur industriel a continué à marquer le pas, en plus de nombreuses fermetures d’usines et quand certaines grandes entreprises sont cédées à des investisseurs étrangers qui en tirent les plus gros bénéfices.
Quant au secteur tertiaire, son essor exponentiel et non maitrisé ne semble pas représenter un facteur significatif dans une économie qui manque de vitalité.
Par ailleurs, les premiers actes posés par le nouveau pouvoir ont permis de déceler, sur la base d’audits qu’il a réalisés, de nombreuses défaillances dans la gestion des finances publiques, la conduite du plan national de développement mais aussi des programmes et projets mis en place avec d’importantes ressources essentiellement issues de l’aide publique au développement. Et cette démarche en cours est loin de déceler la totalité des actes de mauvaise gouvernance qui ont fini de mettre à genoux les opportunités de croissance et de développement du pays qui reste très endetté.
Ce tableau peu reluisant explique la force de l’engagement manifesté par les jeunes qui ont suffisamment compris que la mobilisation pour les changements qui s’imposent doit être fondée sur un fort esprit de civisme en s’armant de l’arme que constitue la carte électeur. Ainsi, en dépit d’un certain abstentionnisme encore perceptible et synonyme de rejet de la politique politicienne, les jeunes sénégalais, hommes et femmes, sont allés voter pour ces deux scrutins, traduisant un espoir pour que le système de gouvernance pour le développement du pays change de paradigme dans une nouvelle logique orientée vers la transparence, l’inclusion, la souveraineté et la prospérité pour tous.