Par CASSIEN Oscar Roméo
Les récents événements scandaleux de Melilla, du 27 juin dernier, caractérisés par une violence policière aveugle exercée contre des migrants clandestins d’Afrique noire, pose à nouveau le problème de la nature et des perspectives de la relation entre l’homme noir et le blanc.
Condamnée et chosifiée par l’histoire et les religions, la race noire n’a de valeur que lorsqu’elle essaye de s’occidentaliser. Du Coran à la Bible en passant par la Tora la diégèse de ces livres présente toujours le Noir pariât et dont l’histoire se perde toujours dans les mouvements de l’histoire de la race blanche. Il ne peut conter sa propre histoire, celle-ci ayant été fagocité par ceux à qui elle a ouvert ses portes depuis la nuit des temps. Si s’étaient des occidentaux qui étaient traités de la sorte dans une partie du globe, actuellement tous les médias allaient s’en saisir…. Qu’on « broie » du noir dans le monde arabe, en occident, en Asie ou aux USA ça n’émeut personne… C’est à croire que le noir est le spectateur de la partie qui se joue entre les dites « supers puissances » qui dicte la conduite du monde. Frantz FANON n’avait donc pas tort en les traitant de « Damnés de la terre ».
C’est vraiment dommage. Tous ces jeunes ne demandent rien d’autres qu’à se faire une place sous le soleil. Les dirigeants Africains noirs dans leur grande majorité sont incapables de leurs offrir cela. A la place de projets sociaux à même de faire profiter au mieux les retombées des richesses du continent, ils leur servent des discours fleuves teintés de tribalisme. Des mythomanes qui se succède à la tête des pays d’Afrique Noire. Dans l’opposition ils promettent monts et merveilles à leurs compatriotes, mais une fois aux affaire ils se muent en vassaux et gardiens du pseudo patrimoine de l’occident qui se sucre sur le dos de ses pauvres vies qui n’aspirent qu’à vivre en parfaite harmonie avec la nature qui les entoure. Certes « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire »[1] dixit Nicolas Sarkozy, mais l’Afrique noire en général est riche de tout et donne tout au système économique mondial. En lieu et place de solutions ingénieuses pour faciliter le quotidien à leurs concitoyens, les dirigeants ouest africains orchestrent de connivence avec l’occident, des systèmes mafieux pour hypothéquer l’avenir de leur population et assurer la survie du capitalisme. Ces jeunes empruntent le chemin de l’immigration pour des raisons certes multiples et multiformes mais pour la grande majorité le motif économique est l’élément déclencheur d’une telle entreprise. En effet, ayant hérité d’un système économique coloniale, la pluparts des pays d’Afrique subsahariens ont leur économie essentiellement tributaire de l’exportation de matières premières vers leurs ex-métropoles. A cela s’ajoute le fait que les dirigeants dans ces différents pays n’accèdent à la magistrature suprême qu’en jouant sur la sensibilité religieuse ou la fibre tribalique, plutôt qu’avec de projets de société bien élaborés et réalistes. Une fois au pouvoir, le népotisme, le tribalisme et la gabegie s’installent et les besoins sociaux s’ils ne sont pas logés aux oubliettes, se transforment en propagande électorales ou moyens de pression pour assurer des postes politiques. Et les mots débiter par ces « politocards » sont les suivants : « Si vous votez pour moi, vous aurez l’électricité, l’asphalte, l’eau potable, les hôpitaux, les écoles etc… ». Ce qui, pour des Etats respectueux de la vie humaine est une évidence, en Afrique noire pour l’obtenir il faut qu’il y soit plusieurs qui passent de vie à trépas avant que les autorités ne se mettent à l’action. Ces jeunes partent parce qu’après plus de soixante-deux ans d’indépendance, ils ont compris que leurs pays vont à reculons. Ayant vu les souffrances de leurs parents ou leurs grands-parents ils décident de confier leurs sors au destin pour éviter de finir comme ceux-ci dans la misère et la paupérisation orchestrée et entretenue par l’occident. C’est connu de tous que l’occident fait et défait ses « préfets » en Afrique occidentale, tant les exemples et les preuves de l’ingérence de la France principalement dans la vie politique des pays d’Afrique subsaharien surabondent. Les cas les plus récents sont entre autres ceux du Mali, de la Côte d’ivoire, du Burkina Faso, de la Guinée et du Tchad. Le modus opérandi est toujours le même depuis la période des indépendances invitro (parce que montées de pièce…) offerte à ces pays dans les années 1960. C’est en ce sens que la méga star du reggae Alpha Blondy résumera le problème de la mainmise de l’occident et du retard de développement de la sous-région ouest Africaine en ces termes :
« La Côte d’ivoire est le premier producteur mondial de cacao… et elle est incapable de faire du chocolat (…) La France décide d’enlever Gbagbo pour Ouattara. Elle récupère les plus gros marchés, car elle rappelle chaque fois à Ouattara que c’est grâce à elle (la France) qu’il occupe le fauteuil. La redevabilité est une réalité dans l’affaire de la Côte d’ivoire. Et tout ceci est de notre faute. »[2].
C’est le lieu de souligner que le rôle de l’Afrique en générale et l’Afrique subsaharienne dans la mondialisation est de servir les industries de par le monde par ses matières premières que de s’industrialiser elle-même. Tous les dirigeants ayants pris consciences de cette orientation sans lendemain pour leurs compatriotes et qui ont essayé de changer les choses ont fini soit le corps dissout dans l’acide sulfurique ou soit avec une tombe placée à un endroit stratégique de certaines capitales rappelant ainsi le sort réservé à tous ceux qui aimerait emprunté un autre chemin que celui tracé par le système occidental.
Melilla, donne à réfléchir sur l’importance que l’Espagne et le Maroc accordent aux relations séculaires qui les unissent à l’Afrique noir. Comment le Maroc, dont l’africanité était redevenue l’une des pièces maîtresses de sa diplomatie et l’un des leviers essentiels de sa stratégie d’émergence économique peut-il permettre de tels actes sur son territoire ? Comment le Maroc qui s’est battu bec et ongles pour réintégrer l’Union africaine (UA) et même pour adhérer à la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) peut-il voir et laisser souffrir des noirs, majoritairement de cette région sur son sol ? Comment le Maroc a-t-il pu tomber aussi bas dans l’horreur du racisme et de la xénophobie que suggèrent les images d’épouvante de ces corps de noirs brisés, jetés et empilés comme du bétail mort à la boucherie? Quel désastre pour le Maroc et pour l’unité de notre continent ! Évidemment le racisme et la xénophobie ne sont l’apanage d’aucune nation, d’aucune race et d’aucune région du monde. Les images de la chasse à l’homme noirs par d’autres noirs dont le seul crime est d’être étranger, dans des rues d’Afrique du sud ou d’ailleurs sont encore fraîches dans les mémoires. La bêtise humaine est partout pareille. Mais dans le cas du Maroc, à cela s’ajoute la folie géopolitique : car ce qui s’impose comme une triste évidence est que ce carnage que dis-je cet holocauste, a été fait à l’autel des retrouvailles avec l’Espagne. Cela se confirme à travers les multiples interventions du premier Ministre espagnol Pedro Sánchez après le tragique évènement. Il dira en substance « Tous ceux qui verront la vidéo remarqueront que la gendarmerie marocaine a tenté d’éviter cette attaque violente en employant les moyens conventionnels, mais nous reconnaissons le travail extraordinaire qu’elle a fait…»[3]. Massacré des hommes sans défense devient un exploit pour le premier ministre. Mais, si l’attitude du Maroc et de son nouveau copain l’Espagne choque plus d’un, vu l’émoi que cette orgie de violence a suscité de par le monde, le mutisme des dirigeants africains surtout ouest africains laisse quoi. C’est à croire que ces migrants sont des individus ex nihilo.
Aux autorités marocaines l’on est tenté de demander : l’Espagne mérite-t-elle un tel naufrage de plus de trente ans de diplomatie africaine du royaume? Quand on sait les investissements du Maroc dans la sous-région. Quel en sera le bénéfice pour Attijari wafa Bank? Protéger l’Espagne de mille migrants affamés vaut-il l’image du Roi du Maroc – celui que l’on surnommait il y’a peu « Mohamed VI- l’Africain »? Il faut que les responsabilités soient situer et que justice soit rendu. Maintenant, si ce programme anti noir est une bévue d’un commandement déconnecté de la politique du royaume, il reviendra aux autorités d’en faire la démonstration vu que Pedro Sánchez ne cesse de marteler que cette situation a été orchestré par des groupes mafieux opérants de part et d’autre des deux frontières. Il faut que tombent des têtes et au plus haut niveau de l’Etat marocain et espagnol, et que justice soit faite pour ces pauvres gens morts dans d’atroces souffrances pour une illusion d’Europe et de fraternité humaine. Cela ne sera effectif que si les dirigeants Africains en général et Ouest Africains en particulier prennent à bras le corps cette situation digne d’un autre âge.
[1]Discours prononcé le 26 Juillet 2007 à Dakar au SENEGAL. Cf. www. Lepoint.fr
[2] Déborah COULIBALY in www.greateventtv.com/Abidjan/Live Experience: Alpha Blondy 26 ans après. Consulté le 28/06/2022
[3] www.rtve.com/VALLA MELILLA: SÁNCHEZ insiste en DEFENDER a la POLICÍA MARROQUÍ: « Repelieron un ataque » |RTVE – YouTube